Notre deuxième invité pour cette rubrique est Dev Ramano, avocat et militant engagé, mais aussi un fils aimant qui ne s’est toujours pas remis du décès de sa mère.
Qui est Dev Ramano ?
Avocat, militant politique engagé, père, époux, ami et proche attentionné. Quelqu’un de profond, sensible et têtu. Je suis marié à Lalita, femme forte et attentionnée que je salue pour avoir été à mes côtés pendant les meilleurs et pires moments de ma vie. Nous avons un fils, Kevin, qui prêtera serment comme avocat incessamment.
Votre parcours académique…
J’ai fréquenté le collège St Mary’s. J’ai ensuite fait une incursion dans le professorat pendant plusieurs années, avant de décrocher un diplôme en gestion informatique. Dans les années 90, j’ai entamé mes études de droit par correspondance. Je suis allé à Londres où j’ai été admis à l’Inns of Court School of Law. J’ai été reçu avocat au Grays Inn de Londres.
Qu'est-ce qui vous a marqué ?
D’abord, la séparation d’avec mes amis de classe, lors de mon transfert de l’école primaire de Quatre-Bornes à celle de Phoenix. Puis, la chute de mon cousin Roubine d’un manguier pour finir sur les rochers de la rivière. Il a survécu le miraculeux ! Ensuite, il y a eu Mai-75. Mais je suis toujours attristé par la grande et grave relation conflictuelle permanente avec mon père à cause de mes convictions et activités politiques radicales.
Êtes-vous toujours un homme de convictions ?
Bien sûr ! Je me suis engagé politiquement dès mon plus jeune âge : association des étudiants, la Student Literary Club en 75, l’Association des étudiants mauriciens en 76. J’ai été actif lors des manifestations de Mai 75. En 1976, j’intègre le MMM. Militant syndical lors de la grève générale de 1979, je suis arrêté à Quartier-Militaire sous la Public Order Act. Au MMM, je suis de ceux qui dénoncent l’alliance avec le PSM. Nous sommes minoritaires (20%). En 1983, avec Serge Rayapoullé et d’autres radicaux, je suis expulsé du MMM par le tandem Bérenger-Jugnauth. Nous créons l’Organisation Militant Travayer (OMT). Le Front nasyonal anti-souffrance (FNAS) voit également le jour. Nous sortons aussi un organe de presse, Konba travayer. Ces deux organisations ont fusionné avec la Force Militant Progressiste (FMP), animé par Jack Bizlall et d’autres camarades, pour former le Parti Militant des Travailleurs. Il sera dissout vers la fin des années 90. Avec Jack Bizlall et d’autres camarades, nous militons au sein du Mouvement Premier Mai jusqu’à ce jour.
Comment se passe votre journée ?
Je navigue le plus souvent entre la cour industrielle, le Comité de conciliation et de médiation, l’Employment Relations Tribunal et le Public Bodies Appeal Tribunal. Les comités disciplinaires, les arbitrages privés industriels meublent aussi mon temps. Le samedi matin, je reçois pour des conseils gratuits à Rose-Hill au centre Che Guevara. Dans l’après-midi, je participe à la réunion hebdomadaire de la direction du Mouvement Premier mai. J’anime aussi des causeries et séminaires et je m’occupe d’une école de formation politique. Tard dans l’après-midi, je passe toujours à la boutique de mon frère pour lire les journaux. Quand je suis libre, je n’hésite pas à mettre la main à la patte. Le dimanche, je prépare le lot de travail pour la semaine suivante. Mais je me permets des rencontres sociales entre proches et amis intimes.
KONZÉ
(En mémwar de Lutchmamah Ramano)
20 juliet 1938 à 13 juliet 2008
MA to pé alonzé
MA to pé reposé
MA to pa pou lévé
To finn decide pou pran konzé
To maryé to ti éna 15 an
Enn long lamars, to parkour konbatan
San fréyer, san flansé, to grandi set zanfan
Pou to fami touzur to ti enn paravan
Toulezur sinker dimatin, soley gayn to bonzur
Dité pou bonom, li alé pou enn zurné bien lour
To korvé kumansé, to manz are li san detour
To zanfan zamé pou vant vid par amour
Kuisiné, souyé, lavé, dressé, balyé, brossé
Finn meblé to lavi san to rasazyé
Bonom, zanfan, zamé finn mank manzé
La faim, la soif avek toi, touletan ti étranzé
Mé MA, dan bar lizour, zamé to alonzé
Kan to fatigué zamé to reposé
Ki to sekré pour touletan to res lévé
Devoir, lamour anpess twa pran konzé
To zanfan adilt, to tuzur pa kil parad
Laz rentré to kontinyé mem balad
Nou enkoler, reprosé, Chooman so lavi pa sanz kad
Martyr, simé lakrwa, sacrifis, mem serenade
MA, assé, al promné, relax, voyazé
Choomam ?? Zamé !
Lot plezir ki to prozé
Radio alimé kot ros lavé lor tou program to bransé
Zwen, bonzur, dimann nuvel, kan lor simé to marsé
Kuma lézot ban gran, avek zot tras, listwar finn marké
Choomam alé, enn pan listwar landrwa pran konzé
San repros, to bonté, to sazes dan tou mesaz kartié
To finn alé ek boté, péna pou regreté
Mé MA, to ban zanfan, to pann fer nou salam
Kit nou dan sirpriz, noyé dans sok, to alé san tamtam
Pu buku létan, MA, léker pou dan la flam
Perdi pli gran trézor, nou mami Choomam
MAMI pé repozé
Éta MA to pé alonzé
Éta MA to pa pou levé
Non, Choomam finn décidé pou pran konzé !
Dev
14 Ziyet 2008
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L’affaire qui vous a le plus marqué ?
Il y en a plusieurs, mais je choisirai celle de Rehana Ameer contre la MBC. Toutes les étapes constituaient une épopée. Et au bout, il y a eu la réintégration sans conditions de cette grande dame.
L’affaire la plus complexe…
Celle des pirates somaliens, que nous avons gagnée au niveau de la première instance en cour intermédiaire. Le Parquet a fait appel du jugement. L’appel a déjà été entendu et le jugement est en attente.
Vous êtes considéré comme étant 'anti-patronat'. Est-ce le cas ?
Je ne suis pas hystérique. Si un patron s’affaisse, je courrai pour lui offrir une gorgée d’eau. J’ai cette réputation peut être parce qu’au niveau des conflits industriels je ne prends que les affaires des salariés. Par contre, me qualifier d’anticapitaliste, c’est me faire une fleur ! Oui, je suis contre ce système avec ses plaies, les souffrances qu’il engendre, ses lots d’injustices et son non-sens sous plusieurs aspects. Mais dans ce système, vous avez des patrons empreints d’humanisme et d’autres qui sont sans scrupules.
Quel est votre plat préféré ?
Un curry de gigot d’agneau fort et du riz blanc accompagné d’une salade de carottes râpées.
Ce dont vous ne pourriez vous passer…
Le contact avec le public. Cela m’est essentiel. Tout comme les rares pots avec amis et proches
Ce qui vous met en rogne…
La méchanceté et l’égo de certains, surtout à gauche. Sans oublier l’hypocrisie et le faux semblant !
Quel est l’événement qui vous a le plus marqué sur le plan personnel ?
Le décès de ma mère un 13 juillet 2008. Elle est partie trop tôt, à 70 ans. C’est une cicatrice indélébile dans ma mémoire. Je n’ai pas pleuré ce jour-la ! Mais mon être, au plus profond de moi, est toujours en larmes. Ce soir-là, j’ai immortalisé sa vie et sa personnalité dans un poème.
Quel pourrait être votre message en tant qu’avocat spécialisé en lois du travail ?
Ça chauffe ! Faites attention, vous jouez avec le feu. L’angoisse, l’anxiété, la peur des licenciements massifs et les conditions de travail précaires sont autant d’éléments pouvant mettre le feu aux poudres. Surtout en cette période de crises multiformes et de fractures sociales accrues.