Emprunts et investissements : un manque à gagner de plus de Rs 40 Md pour l’État

Un certain laisser-aller au niveau de la gestion des finances fait qu’il y a un manque à gagner de plus de Rs 40 milliards dans les caisses de l’État.

Cela concerne de gros investissements dans des compagnies qui n’ont rien rapporté, des emprunts jamais remboursés ou encore des arrérages. Dans son rapport, Kee Chow Tse Yet Cheong, directrice du National Audit Office, fait le point pour la période de janvier 2015 au 30 juin 2016.

Des emprunts qui ne rapportent rien

L’État devait récupérer encore Rs 11,8 Md pour des emprunts qu’il a accordés avec intérêts à des corps para-étatiques, des compagnies d’État et des individus, selon un relevé préparé par l’Accountant-General au 30 juin dernier. Certains emprunts sont en voie d’être remboursés, d’autres pas. C’est pour cette raison que dans certains cas, le montant dû est plus élevé que l’emprunt initial, comme dans le cas de Rose Belle Sugar Estate. D’autres emprunts totalisant Rs 6,2 milliards pour lesquels le gouvernement n’a rien perçu durant l’année financière 2015-2016 ne figurent pas dans ce tableau.

Les corps para-étatiques et autres qui ne remboursent pas

Neuf corps parapublics et sept autres entités n’ont payé ni leurs emprunts ni les intérêts qui y étaient attachés. On parle ici de Rs 2,2 milliards. L’Irrigation Authority, par exemple, a cessé de rembourser ses emprunts depuis août 1996. Elle en a pourtant pris 15, dont certains datent de 1982. Un autre exemple, la MCCB qui doit plus de Rs 66 millions. Comme elle est en liquidation, ce montant sera rayé des comptes. La Compagnie nationale de transport a reçu 12 emprunts entre 1998 et 2010, mais elle fait des remboursements réguliers de Rs 10 000 comme intérêt sur un seul emprunt contracté en 2009.

Les nouveaux emprunts pour l’année financière 2015-2016

Durant la dernière année financière, le gouvernement a accordé de nouveaux emprunts pour un total de Rs 1 milliard. Cela, même si certains corps parapublics, à l’instar de la Central Water Authority, ne respectent pas leurs engagements pour des emprunts contractés bien avant. Idem pour la Waste Water Management Authority qui a reçu une somme de Rs 402 millions. Depuis mai 2014, le gouvernement lui a avancé Rs 3,2 milliards.

Des emprunts déboursés sans contrat

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le gouvernement a donné des emprunts pour plus de Rs 4,3 milliards sans aucun contrat. « Résultat : aucun remboursement n’a été effectué », note l’Audit, excepté pour le Build Mauritius Fund, dont Rs 2,3 milliards ont été rendues. Les Rs 18 millions avancées à la MBC étaient « pour couvrir les dépenses des élections nationales de décembre 2014 ». Pour la MPCB, aucune trace du motif de cet emprunt n’a été retrouvée.

Des investissements qui ne rapportent rien

Le gouvernement a investi en pure perte Rs 10,1 milliards dans des compagnies d’État. Il n’a même pas récupéré ne serait-ce qu’une seule roupie jusqu’ici. La palme va à la MauBank avec Rs 3,2 milliards.

Investissements additionnels non profitables

En 2015-2016, de l’argent a été injecté en sachant d’avance que rien ne sera récupéré. La Mauritius Post Ltd, Airports of Rodrigues Ltd, Business Parks of Mauritius Ltd et la National Transport Corporation ont ainsi reçu respectivement Rs 255 M, Rs 50 M, Rs 191,3 M et Rs 90,63 M. L’Accountant-General indique que l’objectif premier de ces investissements n’est pas de générer de l’argent, mais plutôt pour que ces organisations puissent continuer à fonctionner.

Arrérages

Au 30 juin dernier, Rs 9,3 milliards étaient comptabilisées comme arrérages. Alors qu’en décembre 2012, les arrérages étaient de Rs 2,4 milliards, ils avaient presque atteint les Rs 10 milliards au 30 juin dernier. Environ 62 % de ces arrérages, soit Rs 5,9 milliards, sont attribués à la Mauritius Revenue Authority (MRA). Depuis le 1er janvier 2015, Rs 241,6 millions en matière d’arrérages ont été rayées.