Présidence de l’Islamic Culturel Centre : le Conseil des ministres décide de remplacer Shamad Ayoob Saab
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Defimedia.info
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La présidence de l’Islamic Cultural Centre est secouée par un bras de fer entre gouvernement, diplomatie et membres du Board. Alors que Shamad Ayoob Saab est appelé à céder sa place, les enjeux juridiques et logistiques liés au Hajj 2026 complexifient la transition.
Depuis des mois, la présidence de l’Islamic Cultural Centre (ICC) est au cœur d’un bras de fer. Alors que le Conseil des ministres a décidé de remplacer Shamad Ayoob Saab, sans délai, une lettre de Y. Hansrod, Chargé d’affaires par intérim à l’ambassade de Maurice en Arabie saoudite, adressée au ministre Shakeel Mohamed, évoque de graves risques pour l’organisation du Hajj 2026. Un argument vigoureusement contesté par des membres du Board de l’ICC, qui s’appuient sur la loi pour affirmer qu’une transition reste juridiquement et opérationnellement possible.
Depuis plusieurs mois, la tête de Shamad Ayoob Saab, président de l’ICC, est réclamée avec insistance. La pression s’est accentuée après la publication du rapport d’enquête sur le Hajj 2025, qui a confirmé des cas de passe-droits dans l’allocation des places.
Farook Barahim et Feizal Dil Hossain, les deux instigateurs de cette enquête, ne lui pardonnent pas d’avoir convoqué une réunion du Board de l’ICC pour renverser la décision prise la veille de ne pas allouer de visas à des pèlerins non éligibles pourtant sélectionnés. À leurs voix se sont ajoutées celles de plusieurs figures religieuses influentes, dont le maulana Shameem Khodadin et Ariff Bakar Bahemia, responsable de Zamzam. Des travailleurs sociaux, tels que Raouf Khodabaccus et Salim Muthy, ont également exprimé leur opposition.
Même le député travailliste Ehsan Juman avait publiquement réclamé son départ sur sa page Facebook : « Chairman ICC bizin leve paké aller. Assez faire nou gagne honté. Enough is enough. »
Malgré cette contestation croissante, Shamad Ayoob Saab bénéficie d’un soutien politique non négligeable. Senior Chief Executive au ministère du Logement et des Terres, il est perçu comme un homme de confiance du ministre Shakeel Mohamed, également responsable du Hajj.
Fait notable : Shamad Ayoob Saab a été le seul à accompagner le ministre Shakeel Mohamed lors de la Hajj Mission l’an dernier, puis à nouveau cette année, renforçant l’image d’une proximité politique assumée.
Le vendredi 19 décembre, le Conseil des ministres tranche : Shamad Ayoob Saab doit être remplacé sans délai. Son successeur désigné est Abdus Saboor Mohamed Saleh, ancien lauréat et ancien cadre de Mauritius Telecom.
Mais en coulisses, une autre pièce vient perturber ce scénario. Dans une lettre datée du 16 décembre, soit trois jours avant la décision gouvernementale, Y. Hansrod met en garde contre les « conséquences graves » qu’entraînerait un remplacement du président de l’ICC à ce stade de la préparation du Hajj 2026.
Dans sa correspondance, le diplomate évoque les risques qu’un changement administratif précipité ferait peser sur l’organisation du Hajj 2026, en raison notamment du rôle du président comme l’un des deux signataires autorisés du compte bancaire du Hajj en Arabie saoudite.
Il insiste sur les délais stricts et non négociables imposés par les autorités saoudiennes pour la confirmation des contrats d’hébergement, de transport, de restauration et autres arrangements logistiques. Plusieurs paiements majeurs sont attendus en janvier et février 2026, une période jugée critique.
Pour les détracteurs d’Ayoob Saab, cette alerte relève davantage de l’exagération procédurale que d’un réel blocage juridique. Selon eux, l’argument avancé par le diplomate ne tient pas juridiquement.
Ils s’appuient sur l’article 8 de l’ICC Trust Fund Act, qui encadre précisément l’exécution des documents au nom du Fund. Le texte est explicite : le Board peut autoriser l’exécution de documents soit par la Chairperson et un autre membre désigné, soit, en cas d’absence de la Chairperson, par deux membres du Board.
En clair, soutiennent-ils, la continuité administrative peut être assurée sans vacance institutionnelle, même en cas de changement à la présidence. Rien n’empêcherait donc la nomination d’un nouveau président, tout en maintenant temporairement Shamad Ayoob Saab comme signataire bancaire, jusqu’à ce que les procédures de modification des signataires soient pleinement effectives.
Au final, le cas Ayoob Saab dépasse largement la question d’un homme. Il révèle une lutte de contrôle autour d’un poste stratégique, à la croisée du politique, du religieux, du financier et de l’international.
Entre décisions gouvernementales, interprétations juridiques et interventions diplomatiques, la présidence de l’ICC est devenue un terrain miné. Une chose est certaine : malgré les annonces, les pressions et les rapports, Shamad Ayoob Saab est toujours là. Et chaque nouvelle tentative pour l’écarter semble se heurter à un nouvel obstacle — parfois juridique, parfois politique, parfois venu de bien plus loin que Port-Louis.